Aller au contenu
Accueil » Orientation, quels enjeux ?

Orientation, quels enjeux ?

Le Collectif Orientation appuie son action sur un diagnostic de la situation de l’éducation à l’orientation en France. Notre analyse repose sur 5 constats principaux :

    1 – Un environnement professionnel en profonde mutation 

    Nous évoluons actuellement dans ce qu’il est coutume d’appeler un « monde incertain ». Notre environnement professionnel est soumis à des évolutions rapides sous l’action de profonds changements structurels d’ordre technologiques, démographiques, climatiques, sociaux, etc.

    Le développement croissant d’emplois atypiques, la multiplication des ruptures dans les carrières sont autant de facteurs d’insécurité qui tendent à affecter une part croissante des jeunes qui s’engagent sur le marché du travail.

    Dans un contexte multipliant les facteurs d’insécurité, l’éducation à l’orientation est amenée à évoluer. Il ne s’agit pas tant d’inciter les élèves à s’engager dans une carrière que de leur apprendre à comprendre le contexte professionnel, savoir identifier les opportunités, gérer les imprévus et faire des choix tout au long de leur vie.

      2 – Les jeunes expriment un besoin d’accompagnement

      Les premiers concernés expriment très clairement un sentiment d’inquiétude et le besoin d’un meilleur encadrement dans leurs choix d’orientation.

      C’est ce qui ressort de toutes les enquêtes récentes sur le sujet menées auprès des jeunes.

      Donnée n°1 : 86 % des jeunes se déclarent inquiets quand ils pensent à leur choix d’orientation – Source : Baromètre de confiance en l’avenir des jeunes – BVA pour l’Étudiant, 2022.

      Donnée n°2 : un jeune sur deux n’a pas le sentiment d’être ou d’avoir été bien accompagné dans ses choix d’orientation – Source : Baromètre de confiance en l’avenir des jeunes – BVA pour l’Étudiant, 2022.

      Donnée n°3 : un jeune sur deux répond oui à la question « Si j’avais su qu’une autre voie ou un autre cursus existait, j’aurais fait des choix différents » – Source : Enquête auprès des jeunes de 17 à 23 ans sur leurs choix d’orientation et leur rapport à l’avenir – Ifop pour la Fondation Jean Jaurès et Chemins d’Avenir, 2019.

       

        3 – Une école qui doit y répondre plus efficacement

        Comme le souligne le Sénat en 2022, l’orientation à l’école se trouve dans une position paradoxale : « clé de voûte du nouveau système, mais parent pauvre de l’éducation nationale. »

        Un nouveau cadre législatif et institutionnel a favorisé l’accompagnement à l’orientation :

          •  

          •  

          •  

          Aujourd’hui, en théorie, des heures sont dédiées à l’accompagnement à l’orientation tout le long de la scolarité des enfants au collège et au lycée (dès la 5ème pour une découverte des métiers expérimentée durant l’année scolaire 2022/2023 dans 642 collèges volontaires).

          Les enseignants, et en particulier les professeurs principaux, se retrouvent en première ligne pour assurer ces nouvelles missions. Pour autant, ils se sentent mal informés, formés et accompagnés pour les accomplir efficacement.

          Donnée n°1 :  24 % des professeurs principaux de terminale estiment encore que l’orientation ne fait pas partie de leurs attributions – Source : Sondage CSA pour la Cour des comptes, 2019.

          Donnée n°2 : 85% des professeurs principaux et 65 % des proviseurs n’ont reçu aucune formation spécifique pour exercer leur mission d’orientation – Source : Rapport du Sénat établissant le « bilan des mesures éducatives du quinquennat », 2022.

          Donnée n°3 : Seuls 22% des jeunes interrogés citent les professeurs comme leur inspirant confiance pour les aider dans leurs choix d’orientation – Source : Baromètre de confiance en l’avenir des jeunes – BVA pour l’Etudiant, 2022.

           

            4 – Le monde de l’entreprise s’invite à l’école en ordre dispersé

            L’éducation à l’orientation ne se conçoit qu’en profonde coordination avec la réalité du tissu professionnel. C’est d’ailleurs l’une des dimensions du Parcours Avenir, conçu par l’Éducation nationale, qui sert de cadre de référence et qui « vise à faciliter et développer les échanges entre l’École et les acteurs du monde économique, notamment locaux ».

            « Il va falloir amener les entreprises au sein des collèges, et créer de vrais liens avec les professeurs principaux, si l’on veut que cette politique publique soit efficace, mais l’Education nationale en aura-t-elle les moyens ? »
            Kamel Chibli, président délégué de la Commission « éducation – orientation » de Régions de France – Source : La Gazette des Communes

            Pour faciliter ce rapprochement, de nombreux acteurs, notamment issus du monde associatif, se mobilisent pour proposer aux établissements scolaires des modalités permettant une interaction directe entre élèves et professionnels dans le cadre d’interventions, de visites d’entreprises, d’accueil de stagiaires, … 

            Donnée n°1 : 64 % des jeunes ont l’impression de manquer de contacts avec des professionnels des secteurs qui les intéressent pour faire leurs choix d’orientation – Source : Baromètre de confiance en l’avenir des jeunes – BVA pour l’Etudiant, 2022.

            Donnée n°2 : la découverte concrète des métiers serait pour 70% des jeunes de 3ème une priorité – Source : Enquête de l’AFEV auprès d’élèves de 4ème et de 3ème scolarisés en éducation prioritaire, 2018.

            Pourtant, ces actions sont aujourd’hui peu lisibles, éparpillées et déployées sans concertation, multipliant les coûts investis et rendant plus difficile la mesure de leur impact. Cela accroît in fine un sentiment de confusion pour les enseignants, désormais au cœur du dispositif d’orientation au sein de l’établissement.  

              5 – Des inégalités perpétuées par les choix d’orientation des jeunes

              Les insuffisances de la prise en charge par l’école de l’accompagnement des jeunes dans leurs choix professionnels les conduit tout naturellement à rechercher de l’aide autour d’eux. C’est principalement à leur famille qu’ils s’adressent alors pour acquérir de l’information, orienter leurs choix, trouver un stage, etc.

              Donnée n°1 : près de 60% des jeunes déclarent avoir fait appel à l’aide de la famille pour trouver leur stage de 3ème – Source : Enquête de l’AFEV auprès d’élèves de 4ème et de 3ème scolarisés en éducation prioritaire, 2018.

              Donnée n°2 : La famille est citée comme l’acteur qui inspire le plus confiance aux jeunes pour les aider dans leurs choix d’orientation – Source : Baromètre de confiance en l’avenir des jeunes – BVA pour l’Etudiant, 2022.

              Or les familles sont très inégalement armées pour répondre à cette demande. Certaines cumulent les difficultés : faible connaissance de l’environnement professionnel, accès difficile à des informations fiables, peu de réseau, etc. Leurs enfants sont alors particulièrement vulnérables à des choix mal informés, peu adaptés et moins ambitieux.

              Ainsi,

              Il apparaît urgent d’offrir aux jeunes un réel accompagnement de qualité dans leur choix d’orientation :

                  • au sein de l’école pour en assurer l’accès à tous dans des conditions équitables ;
                  • en relation étroite avec le monde professionnel pour coller au mieux aux évolutions rapides de l’environnement ;
                  • avec le soutien de la société civile pour épauler les enseignants.

                •  

                •